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09 janvier 2018

L’essor du biométhane passe par les smart grids

Biopommeria, l’unité de méthanisation agricole prévue à La Pommeraie-sur-Sèvre, servira de site-pilote à GRTgaz pour l’injection du biométhane dans les réseaux de gaz. Au printemps 2019, la filiale du groupe Engie y testera pour la première fois en France le « rebours », procédé qui consiste à inverser les flux : alors que les échanges habituels s’effectuent en mode unidirectionnel dans le sens haute pression (transport)/basse pression (distribution), un compresseur permettra de faire remonter le gaz vers le réseau de transport. L’enjeu consiste à parer au déficit de consommation locale à certains moments de l’année alors que les débits d’injection demeurent plus ou moins constants tout au long de l’année.


Énergie décentralisée demain
Le choix de la Vendée ne relève pas du hasard. Le développement annoncé du biométhane oblige les opérateurs du gaz, énergie aujourd’hui très centralisée, à préparer un retour de la gestion locale décentralisée, comme lors de l’arrivée du « gaz de ville » il y a deux siècles avant sa disparition progressive au début des années 1970 au profit du « gaz naturel ». Cela implique une installation « intelligente », capable d’estimer de manière dynamique les capacités des réseaux et d’inverser les flux au moment adéquat et au meilleur coût pour la collectivité. Au-delà du « rebours », il faudra aussi repenser le fonctionnement du système, impliquant par exemple pour les gestionnaires de réseaux de disposer d’outils de télédiagnostic et de télémaintenance, des atouts mis en avant par le « smart grid Vendée », laboratoire d’expérimentation du réseau électrique intelligent.


13 M€
La SAS Biopommeria a été fondée par la coopérative Val de Sèvre, l’abattoir Delpeyrat et le groupe Fonroche, actionnaire majoritaire (80 %) basé à Rocquefort (47) et spécialisé dans les énergies renouvelable. Le dossier porte sur le traitement de 68 000 tonnes annuelles de matières composées d’effluents des élevages de canards et de déchets de l’abattoir, pour produire du biométhane. L’investissement s’élèvera à près de 13 M€ dont la réalisation d’une canalisation d’une dizaine de kilomètres pour la relier à Pouzauges, commune préférée finalement à celle de Saint-Mesmin distante d’à peine 5 kilomètres en raison d’une population plus importante. Ce raccordement à un réseau basse pression présente aussi l’avantage d’être moins complexe et deux moins coûteux qu’un branchement sur un réseau haute pression, comme cela a été le cas à l’automne dernier pour Bioloie, l’unité de méthanisation du producteur de canards Ernest Soulard à L’Oie (85).


30 % de biogaz en 2030 ?
L’instruction administrative du dossier Biopommeria, initié fin 2013, prend plus de temps que prévu en raison du plan d’épandage du digestat qui s’étend sur deux régions, trois départements et 71 communes, soit 3 661 hectares de surface agricole utile. La principale motivation du projet consiste à trouver une solution environnementale à un territoire confronté à des problèmes d’excédents structurels en azote et phosphore. Malgré la méthanisation, le digestat représentera encore un volume annuel de 305 tonnes d’azote et 93 tonnes de phosphore. L’autre site-pilote où GRTgaz souhaite tester le rebours se trouve à Noyal-Pontivy (22 000 tonnes annuelles) dans le Morbihan, département également en pointe en matière de « réseaux électriques intelligents ». Ce projet de méthanisation est porté par Vol-V mais il est fortement contesté par la population. La France compte à ce jour une quarantaine de méthaniseurs dont 60 % agricoles, qui ont injecté en 2017 l’équivalent d’environ 0,45 TWh. La loi de transition énergétique table à l’horizon 2030 sur 30 TWh issus de biométhane, soit 10 % de la consommation de gaz. Les gestionnaires se montrent plus optimistes et visent les 90 TWh, notamment parce qu’un arrêté du 30 novembre 2017 oblige les réseaux de distribution de gaz naturel à prendre en charge jusqu’à 40 % des coûts de raccordement. (source Lettre API)